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« Au Sud-Soudan, les médecins sont comme des soldats. Quand la guerre arrive, il n’est pas question de fuir. »

South Sudan Covid-19 Action Against Hunger

Dr David Gai Zakayo est médecin itinérant pour Action contre la faim. Photo par : Lys Arango pour Action contre la faim, Sud-Soudan.

David Gai Zakayo travaille comme médecin pour Action contre la faim au Sud-Soudan. Ayant eu la chance de grandir dans une famille où tous ses besoins étaient satisfaits et conscient des difficultés rencontrées par les autres enfants de son quartier, il a décidé d’investir tout son temps et toute son énergie pour aider les autres.

Dans ce pays, les médecins sont comme des soldats, dit David. Quand la guerre arrive, il n’est pas question de fuir. C’est le travail des médecins, croit-il, de rassurer les gens. « Je n’attends pas d’aide de l’extérieur », dit-il. « Chacun vit ses propres difficultés. Mais l’aide est nécessaire. Ensemble ou seul, comme tous les défis qui se sont présentés, je vais faire face à cette maladie et je ne montrerai pas ma peur. C’est mon combat et c’est mon devoir. »

La vie au Sud-Soudan est très difficile. Le conflit a déplacé près de quatre millions de personnes et la moitié de la population du pays est confrontée à de graves pénuries alimentaires. Et comme si la situation n’était pas déjà suffisamment difficile, il n’y a qu’un médecin par tranche de 65 000 personnes.

David et notre équipe reçoivent plus de 150 enfants et femmes enceintes chaque jour. Ils s’efforcent de prévenir les décès dus à la malnutrition, au paludisme, aux infections respiratoires, entre autres. Mais d’abord, les familles doivent se rendre à la clinique. Le voyage n’est pas simple : parfois les familles marchent toute la journée dans la chaleur à travers des déserts poussiéreux et des forêts denses, espérant arriver à temps dans nos centres de stabilisation pour que leur enfant ait une chance de survie.

Il s’agit là d’une réalité quotidienne au Sud-Soudan. Et le coronavirus est sur le point de rendre la situation encore plus difficile.

Jusqu’à présent, quatre personnes au Sud-Soudan ont été testées positives. Mais dans un pays où les ressources pour tester les gens pour le coronavirus sont pratiquement absentes, on soupçonne qu’il y a en fait beaucoup plus de cas. Avec seulement une poignée de ventilateurs pour une population de 12 millions d’habitants, la situation semble sombre.


Le Dr David Zakayo travaille avec les parents pour traiter leurs enfants souffrant de malnutrition sévère. Photo : Lys Arango pour Action contre la faim, Sud-Soudan.

Si la COVID-19 se répand au Sud-Soudan, le pays et son personnel médical seront probablement poussés au bord du gouffre. Le pays n’est pas prêt à contenir une telle épidémie. David le sait : la prévention est le seul espoir.

Grâce à votre soutien, notre équipe a élargi les programmes d’eau, d’hygiène et d’assainissement (WaSH) afin de sensibiliser les communautés à l’importance du lavage des mains. Les patients sont tenus de respecter la distance physique de deux mètres lorsqu’ils attendent les médecins et les lits des malades sont séparés autant que possible dans l’espace disponible. Des salles d’isolement ont également été aménagées dans les centres de santé pour les travailleurs et travailleuses de la santé qui pourraient être exposé(e)s.

« Lorsque les personnes viennent dans nos installations, nous avons confiance en nos systèmes de prévention des maladies », déclare David. « Mais quand ils rentrent chez eux, nous n’avons plus aucun contrôle. La distanciation sociale sera impossible. Beaucoup de ceux qui ont été déplacés par les conflits vivent encore dans des tentes situées à quelques centimètres les unes des autres. Les familles élargies vivent souvent ensemble, parfois dans une seule pièce. »

De nombreux proches vivent actuellement chez David. Ils se sont retrouvés coincés dans la capitale lorsque le confinement a été décrété. David leur a ouvert ses portes. « J’ai le luxe d’avoir plusieurs chambres pour pouvoir isoler quelqu’un s’il tombe malade. La plupart des gens n’ont pas ce luxe. Les gens sont terrifiés à l’idée de se rendre à l’hôpital, alors ils viennent chez moi pour demander un avis médical. » David n’entend pas leur refuser de l’aide. « Je continuerai à faire face à cette pandémie avec la force mentale nécessaire en ces temps difficiles. Pour moi et pour ceux qui ont besoin de moi. »

Alors que le coronavirus se propage dans tous les pays où nous travaillons, David et nos travailleurs et travailleuses de la santé de première ligne dans le monde entier travaillent sans relâche pour y répondre.

En ces temps difficiles, ils ont plus que jamais besoin de votre appui. Pourriez-vous prendre un moment pour leur envoyer un petit mot de soutien ?


 

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