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Pourquoi les femmes sont-elles les dernières à manger ?

World Day Social Justice - Action Against Hunger

Des femmes et des enfants participent à une démonstration culinaire organisée par le personnel local d’Action contre la faim. Photo : Lys Arango pour Action contre la faim, Sénégal.

Selon les Nations Unies, 60 % des personnes sous-alimentées dans le monde sont des femmes. Dans son rapport de 2019 sur l’insécurité alimentaire et la nutrition dans le monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que les risques d’insécurité alimentaire sont encore environ 10 % plus élevés pour les femmes que pour les hommes.

Compte tenu de ces faits, la question à se poser n’est pas seulement « comment pouvons-nous éliminer la faim chez les femmes », mais plutôt « pourquoi les femmes sont-elles plus nombreuses que les hommes à souffrir de malnutrition ? » Si de nombreux facteurs entrent en jeu, la raison en est souvent assez simple : les femmes sont les dernières à manger et celles qui mangent le moins.

Pourquoi les femmes sont-elles les dernières à manger ?

Les rôles traditionnels des sexes expliquent en grande partie cette inégalité en matière d’alimentation. Dans de nombreux pays en développement, les hommes sont les principaux pourvoyeurs de revenus des ménages, tandis que les femmes sont responsables de la majeure partie du travail domestique non rémunéré.

En Afrique subsaharienne, par exemple, les femmes effectuent la plupart des travaux domestiques et sont souvent chargées de de prendre soin de la famille. Cela implique de collecter et de préparer la nourriture et parfois de marcher plusieurs kilomètres pour aller chercher de l’eau.

Comme les femmes sont responsables de nourrir la famille, elles s’assurent généralement que les autres ont mangé en premier et doivent se contenter des restants. Cela se traduit par un accès inégal à des aliments hautement nutritifs et une plus grande vulnérabilité à la malnutrition. En outre, au sein de ces ménages, les femmes n’ont souvent pas le droit à la propriété foncière et aux services financiers pour assurer leur subsistance. Une fois de plus, les femmes consomment moins, afin de garantir la santé de leurs enfants.

Comment pouvons-nous mettre fin à cette discrimination alimentaire ?

Pour surmonter les problèmes de violence à l’égard des femmes, il est nécessaire d’approfondir la compréhension des tendances en matière d’inégalité entre les genres et d’étudier la sous-nutrition dans une optique sexospécifique. Il est essentiel de comprendre les habitudes alimentaires, par exemple qui mange quoi et quand, pour mettre en évidence les différences entre les membres du foyer.

Il est d’autant plus crucial d’éduquer les femmes sur l’importance de se nourrir aussi bien que les autres membres de leur famille. C’est une chose que nous, chez Action contre la faim, réalisons par le biais de programmes de soutien de mère à mère.


Kolom achète de la nourriture pour son groupe de Porridge Moms, une initiative d’Action contre la faim

Créé en 2016, le programme « Porridge Moms » dans l’État de Borno au Nigeria, région déchirée par la guerre, a été essentiel pour fournir aux mères des conseils nutritionnels et un soutien par les pairs. Il a aidé un certain nombre de femmes, dont Kolom Abbas, une mère de trois enfants forcée de fuir la guerre avec sa famille.

Chaque jour, les femmes de son groupe – chaque groupe de Porridge Moms compte 15 femmes – se rassemblent et préparent des repas nutritifs pour elles-mêmes et leurs jeunes enfants. Pendant qu’elles cuisinent, les mères apprennent et partagent entre elles et avec les équipes d’Action contre la faim des informations sur la nutrition, les pratiques saines de soins aux enfants et la bonne hygiène. Le groupe reçoit une allocation mensuelle pour payer les denrées alimentaires et autres frais.

Au Kenya, nous avons construit une série de puits afin de réduire la distance que les femmes doivent parcourir pour aller chercher de l’eau. Cela a encouragé les femmes à construire leurs propres « jardins potagers » près des puits, qu’elles utilisent pour cultiver et partager leur nourriture. Le fait de posséder des jardins potagers renforce le sentiment de contrôle des femmes sur la production et la consommation, ce qui permet de s’assurer que les femmes ne sont plus confrontées à la discrimination alimentaire.

Ce ne sont là que quelques-unes des initiatives que nous avons mises en œuvre pour réduire l’écart entre les sexes en matière d’accès à la nourriture. Elles sont cruciales pour changer la façon dont le rôle des femmes est perçu et faire en sorte que les femmes ne doivent pas se contenter de manger les miettes à l’heure du repas.

 

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