Mona : “Nous n’avions plus un sou pour le loyer ni pour manger.”
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Je me tiens devant ce qui était autrefois la maison de la famille de Mona et le commerce de sa mère. Ce quartier a été entièrement rasé pendant les hostilités de 2014 et il est maintenant en cours de reconstruction. ‘Je suis désolée de ne rien pouvoir vous proposer d’autre qu’une chaise en plastique’, s’excuse Mona. ‘Je partage cet étage avec la famille de mon frère jusqu’à ce que l’immeuble soit fini d’être reconstruit. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre d’acheter des meubles.’
Mona a quitté l’école à l’âge de douze ans pour s’occuper de ses parents malades et de ses frères et sœurs. Il lui fallut apprendre à s’occuper de l’affaire familiale d’élevage de moutons et de volailles. ‘J’ai grandi en courant autour de ma mère, qui s’occupait très bien des animaux, sans me rendre compte que c’était cette affaire qui faisait vivre toute la famille.’ Mona ne pouvait pas savoir que les choses allaient devenir encore plus difficiles après le début de la guerre, lorsque, à 28 ans, elle s’est retrouvée à la tête d’une famille de cinq personnes, mais cette fois-ci sans maison, sans travail et sans les conseils de sa mère.
Peu avant que leur maison ne soit démolie, Mona et sa famille se sont installés chez des parents qui habitaient un secteur considéré comme sûr. Lorsque Mona a retrouvé son quartier et la maison familiale entièrement rasés, elle a décidé de louer une maison. ‘Deux mois plus tard, après avoir vendu la plupart de mes possessions personnelles, nous n’avions plus un sou pour le loyer ni pour manger. Cuisiner au gaz revenait très cher, heureusement que les coupons alimentaires nous ont permis de survivre.’ La famille a finalement décidé de revenir sur les décombres de leur ancienne demeure et de s’installer là, dans une baraque en plastique, jusqu’au début de la reconstruction.
En sa qualité de femme célibataire chargée de famille, Mona a postulé au programme d’Action contre la Faim qui l’a aidée à monter sa propre affaire, sur les traces de sa mère, qui avait elle-même suivi les traces de sa grand-mère. ‘La formation m’a montré l’importance d’économiser pour investir dans mon entreprise et me préparer à de futures situations d’urgence’, raconte Mona. ‘Les choses vont bientôt commencer à aller mieux, Insh’Allah.’