
Écrit par Susanne Courtney, directrice générale d’Action contre la Faim Canada.
Initialement publié dans le blog de Mark Cullen, le 27 mars 2014. Voir l’article d’origine en anglais.
Les produits du jardin représentent une des tendances les plus en vue en 2014, comme le souligne les adeptes du jardinage, de la gastronomie et les experts du bien-être. L’idée de faire pousser ses propres aliments, en particulier les “super-aliments” dont on vante les bienfaits nutritionnels, est de plus en plus attrayante pour les Canadiens quel que soit leur niveau en jardinage.
Mais saviez-vous qu’au-delà du Canada, les jardins potagers sauvent des vies ? En effet, les jardins alimentaires peuvent jouer un rôle important dans les efforts de sécurité alimentaire.
La sécurité alimentaire fait référence à la disponibilité de nourriture et à son accès. Un foyer est considéré comme sécurisé alimentairement lorsque ses occupants ne souffrent pas de la faim ou ne craignent pas la famine. Dans le monde entier, nous estimons que plus de 2 milliards de personnes souffrent de non sécurité alimentaire par intermittence avec des degrés de pauvreté qui varient.
Le manque de sécurité alimentaire peut avoir un impact particulièrement grave sur les enfants. La malnutrition représente la plus grande menace à la survie d’un enfant. Environ 3 millions d’enfants meurent de causes liées à la faim chaque année. Autrement dit, la malnutrition est responsable de 45 % des décès d’enfants dans le monde.
La bonne nouvelle, est qu’il existe des solutions. Les programmes de sécurité et de subsistance alimentaire sont complexes – ils prennent en compte les facteurs socio-économiques, les dynamiques d’égalité des sexes, la géographie et plus encore – mais des solutions simples, pratiques et communautaires peuvent être remarquablement efficaces.
Entrez maintenant dans un jardin potager
Les jardins potagers peuvent être des outils de sécurité alimentaire de qualité. À titre d’exemple, prenons le cas de Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA). En tant qu’ONG axée sur la prévention et l’action contre la malnutrition, Action contre la Faim a renforcé ses efforts dans ce pays vulnérable en réponse à des besoins croissants. En raison de la guerre civile, la malnutrition a augmenté de façon exponentielle ces derniers mois en République centrafricaine. En février, nous avons constaté que plus de 7 % des enfants examinés souffraient de malnutrition sévère – en courant un risque de mort. On considère qu’il y a urgence lorsque ce taux est de 2% ou plus.
En réponse, Action contre la Faim a mis en place des interventions supplémentaires pour traiter la malnutrition sur place et rétablir la sécurité alimentaire. Ces interventions incluent un travail avec la population locale autour de jardins remplis de légumes aux propriétés nutritionnelles reconnues comme des laitues, des concombres, des aubergines, des tomates et des carottes.
Les jardins serviront à nourrir les parents d’enfants hospitalisés (qui luttent souvent avec leurs propres besoins nutritionnels), à enseigner des techniques de jardinage et des ateliers de cuisine, afin que les parents aient la possibilité de mieux nourrir leurs propres familles et communautés. Les jardins permettent une diversification alimentaire et un accès rapide aux éléments nutritifs parce qu’ils se développent rapidement (par exemple, les feuilles comestibles de l’amarante peuvent être mangées trois semaines seulement après qu’elles aient été plantées).
Action contre la Faim fournit des semences, des outils et des démonstrations aux bénévoles de la communauté. Une fois que les jardins sont bien établis, les membres de la communauté continueront à gérer les jardins eux-mêmes.
Scott Logue, un des nutritionnistes d’Action contre la Faim Canada, à notre siège social de Toronto, donne quelques conseils aux jardiniers qui cherchent à améliorer la nutrition communautaire.
Scott recommande trois conseils de base :
1. Planter des végétaux culturellement adéquats. Les cultures doivent être nutritives, mais également désirables. Si nous craignons que les enfants ne mangent pas les produits récoltés ou hésitent pour des raisons culturelles, nous ne plantons rien.
2. Ne planter que des aliments qui nécessitent une attention minimum, et qui poussent facilement.
3. Si possible, planter des végétaux riches en énergie (micronutriments / calories), et denses (micronutriments). Les carottes et les patates douces en sont de bons exemples. Ces aliments sont à la fois faciles à cultiver, riches en énergie et en nutriments denses (taux de vitamine A élevé). Les arachides (cacahuètes) en sont un autre exemple. Elles sont également faciles à cultiver, riches en énergie et denses en nutriments (vitamines B).
Si vous suivez les trois conseils ci-dessus, vous obtiendrez le meilleur résultat en matière de nutrition, quel que soit l’endroit où vous semez.
Action contre la Faim mesure l’impact de ces programmes sur un laps de temps qui s’étend sur la totalité du cycle alimentaire – généralement entre six et douze mois. Notre travail n’est pas fini tant que nous n’avons pas complété une évaluation de l’impact final. Ce suivi contribue à aider la communauté locale à poursuivre ses efforts de reconstruction et cela nous permet d’affiner nos méthodes pour les situations d’urgence à venir.
Bien que les stratégies varient, nos interventions de sécurité alimentaire partagent toutes un objectif commun: lutter contre la faim en préservant et en renforçant les moyens de subsistance d’une manière durable.
Le jardin potager peut être un outil simple mais puissant pour apporter à manger, une autonomie, et surtout, de l’espoir à une communauté.