
Les enfants vont chercher de l’eau à un point d’eau. Photo: Florian Seriex pour Action contre la Faim, Yémen.
Au Yémen, des années de conflit ont eu un effet dévastateur sur les enfants et les familles. Le conflit a contribué à l’effondrement de l’économie et des services de base et pousse presque tous les districts du pays vers des niveaux d’insécurité alimentaire extrêmes ou de crise.
Action contre la Faim est active au Yémen depuis 2012. Malgré l’aggravation des conditions, nos équipes s’efforcent d’atteindre les enfants et les familles dans le besoin dans un contexte de déplacements internes massifs, d’effondrement de l’économie et des services de base et de crise alimentaire croissante.
Ici, nous nous penchons sur certaines des familles que nos équipes ont pu atteindre.
“Ma femme et moi sommes partis pour sauver nos vies et celles de nos enfants.”
Ahmed et sa famille devant l’abri qu’il a construit. Photo: Action contre la faim, Yémen.
Ahmed, mécanicien et père de six enfants, a été forcé de fuir sa maison dans le district d’Al-Mukka afin de protéger sa famille. “On entendait juste les violentes explosions près du village. Les combats se rapprochaient de nous, et, chaque nuit, ma femme et moi avions de plus en plus de mal à endormir les enfants. Ils étaient terrifiés par les bruits des obus. Parfois, nous allumions la radio pour les distraire, ou bien nous écoutions des musiques sur le téléphone. D’autres fois, on leur racontait des contes ou des vieilles histoires. Tout était bon pour essayer de leur faire oublier la situation et les rassurer.”
Des centaines de membres de sa communauté ont fait le même choix déchirant de fuir leurs maisons. “Ma femme et moi sommes partis pour sauver nos vies et celles de nos enfants”, dit-il.
“Nous, les enfants, nous devons prendre soin de nous-mêmes, car nous n’avons pas de parents pour le faire.”
Oussama et ses frères et sœurs. Photo: Action contre la faim, Yémen.
Oussama n’était pas encore un adolescent lorsque ses parents sont morts, le laissant seul avec ses jeunes frères et sœurs.
“Une tante nous a accueillis, mais elle s’est mariée quelques mois après et elle nous a laissés. Nous sommes partis chez une autre tante pendant quelques temps, mais elle aussi est partie pour s’occuper de ma grand-mère qui habitait dans une autre ville que nous. A l’époque nous étions à Hamili. Quand les combats ont atteint cette zone, nous avons fui pour aller chez mon grand-père qui habite ici à Al-Garrahi, mais nous n’avons pas grand-chose pour vivre. Mon grand-père s’occupe aussi d’un de mes oncles qui a un cancer et qui a besoin d’un traitement médical qui coûte très cher. Nous, les enfants, nous devons prendre soin de nous-mêmes, car nous n’avons pas de parents pour le faire.”
“Au début, nous avons reçu de l’aide alimentaire, mais nous avons dû en vendre une partie pour acheter d’autres choses et payer le loyer. Maintenant, nous recevons directement un soutien financier et des biens de première nécessité, ce qui nous permet d’être plus autonomes et de gérer selon nos besoins. J’ai envie de vous dire merci pour les efforts que vous faites pour aider les personnes déplacées.”
“Ils n’ont pu sauver ni ma femme ni le bébé”
Hasan et ses enfants devant la cabane qu’il a construite. Photo: Action contre la faim, Yémen.
Avant que la guerre n’éclate, Hasan et sa femme Sumaya vivaient avec leurs enfants dans la ville de Mukhaa. Hasan vendait des légumes dans une épicerie, et Sumaya s’occupait de la maison et de leurs enfants. Lorsque le conflit a touché leur village, ils ont quitté leur maison pour aller vivre chez des parents à quelques kilomètres de là.
“En raison du conflit, le Yémen souffre d’une grave pénurie de nourriture, d’essence et de médicaments. Les hôpitaux et centres de santé dépendent entièrement de générateurs pour faire fonctionner les machines et pouvoir répondre aux besoins. Des coupures de courant fréquentes et des problèmes d’approvisionnement impactent sévèrement la qualité des soins – les conséquences de cette détérioration pour les patients et leur famille sont bien souvent tragiques.”
Un récent rapport des Nations Unies brosse un tableau désastreux de la situation au Yémen.
“Cette dernière analyse montre ce que les travailleurs humanitaires savent depuis un certain temps : Le Yémen fait marche arrière et la menace de famine est à nouveau très présente”, déclare Jon Cunliffe, directeur régional d’Action contre la Faim au Moyen-Orient. “Les taux de famine explosent, les conflits s’intensifient et les promesses financières non tenues signifient que les services vitaux sont réduits, malgré l’ampleur des besoins”.
Soutenez le travail d’Action contre la Faim au Yémen en faisant donation.